Une conférence contre le fanatisme

cache/bf_imageconference-fanatisme_vignette_230_230.png

A l'occasion des séances d'Accompagnement Personnalisé en philosophie, les élèves de Terminale S du lycée agricole de Rouillon ont préparé une conférence philosophique sur les faits religieux et la question du fanatisme.
Rencontre avec Josselin, Maxime et Paul.

Au programme du cours de philosophie en Terminale S, la notion de religion est devenue incontournable depuis les événements de janvier 2015. Mais sous quel angle l'aborder ? A l'occasion des séances d'Accompagnement Personnalisé en philosophie, les élèves de Terminale S du lycée agricole de Rouillon ont organisé une conférence philosophique sur les faits religieux et la question du fanatisme. G. Rabinovitch est venu parler de ces questions de religion le 22 mai 2015 dans l'amphithéâtre du lycée.

Rencontre avec Josselin (Terminale S), Maxime et Paul (Terminale STAV).


Josselin - Notre classe de terminale S a organisé la venue d'un philosophe en réponse aux attentats du 7 janvier. On voulait éclaircir différents termes à propos de la religion. On a organisé la séance et on a aussi travaillé sur la définition d'une série de mots, qu'on a distribuée à chaque élève à leur entrée dans l'amphithéâtre.
Dans notre classe de terminale S, on a pris les dictionnaire avec un petit groupe et pendant qu'un autre groupe s'occupait de l'organisation plus concrète de la journée, on a essayé de définir des mots. On a pris les dictionnaires, on a recoupé, on a simplifié des définitions pour pouvoir définir certains mots qui étaient du domaine de la religion. Par exemple : prosélytisme, monothéisme, athée, terrorisme, islamisme, agnostique, croyant ...

Ça vous a demandé beaucoup de temps d'organiser cette conférence ?
A vrai dire non, pas beaucoup. On passé 3 h sur le cours de philo. C'était pas énorme ce qu'on avait à faire : faire la feuille de définition des mots, expliquer la démarche au lycée, aux CPE pour qu'ils acceptent la venue du philosophe, et faire une lettre au parents des classes invitées pour expliquer la démarche. Comme l'a dit une élève en introduction de cette conférence : le but ce n'était pas de faire du prosélytisme mais d'expliquer les différents termes pour éviter les amalgames.

Vendredi dernier, Monsieur Rabinovitch a commencé à parler, à nous faire la conférence, et dans un second temps on a posé les questions, c'était un échange de questions / réponses.

Comment est née cette idée de conférence sur la religion ?
Josselin - Après le 11 janvier, notre prof nous a demandé ce qu'il était possible de faire pour ne pas en rester simplement à « oui, Je suis Charlie ». En voyant différentes initiatives à travers toute la France, on est arrivé à l'idée d'organiser une conférence pour éclaircir, et surtout éviter les amalgames qui sont faits entre les musulmans et les intégristes islamistes.

Maxime : Nous, on était spectateur mais on avait préparé puisque la veille on avait fait un débat en demi-groupe dans la classe sur la question du fanatisme. On pensait par défaut que c'était du fanatisme religieux. On était vraiment sur la question de : peut on limiter le fanatisme religieux ? Sur cette question-là les avis divergeaient beaucoup.

L'objectif était donc d'éclaircir la question du fanatisme religieux...
Josselin - La conférence était un peu plus générale. Premièrement, le philosophe nous a parlé de philosophie politique, son domaine de travail. Et en quoi la religion y était intégrée : ce qu'on faisait de la religion dans notre politique.
Après, il nous a parlé d'une métaphore sur l'enfance : on a tous un part de religiosité en nous parce qu'on a besoin d'être rassuré.
Ensuite, il nous a parlé un peu du fanatisme.
C'est un peu le reproche qui est ressorti : en effet, ce qu'il avait à dire était très intéressant. Seulement, même si on comprenait pourquoi il parlait de philosophie politique, de la métaphore de l'enfance à la sortie du ventre de la mère, il a peut-être trop développé ces aspects-là et pas assez ceux du fanatisme. C'est un reproche que la plupart d'entre nous ont fait, même si notre prof soutient qu'il faut plutôt rester dans le général et bien définir tous les termes.

Paul – J'ai été d'accord avec l'avis du philosophe. Mes camarades vous ont dit que beaucoup de personnes ont été déçues de la réponse du philosophe, mais je pense que c'est parce que la question a été mal posée. La question « comment lutter contre le fanatisme » est une question purement juridique et donc l'intervention d'un philosophe n'est pas très intéressante pour parler des solutions. Et donc il nous a plutôt axé sur le côté religieux et expliqué ce qu'était la religion à la base. Ensuite il a divergé sur le point de vue de l'enfance. On a forcément une part de religiosité en nous simplement par le fait qu'on se pose la question « qu'est-ce qu'on fait sur terre ? » - la question existentielle. Ensuite il est parti sur le fait que la religiosité n'était pas qu'une affaire de religion chrétienne, musulmane … c'était, au final, il en revenait à la question existentielle : que fait l'homme sur terre ?


Quelles sont les questions qui sont ressorties de la part des élèves ?
Josselin : Les première questions étaient sur la superstition : est-ce que la superstition pouvait être une religion ?
Ou : a-t-on vraiment besoin de la religion avec le développement actuel de la science ?
ou sur le fait qu'on soit encore dans une société marquée chrétienne, avec les jours fériés. Il développait pas mal ses réponses, ce qui fait qu'il n'y a eu que 6-7 questions en 1h.

Paul : La question a été posée : avons nous besoin de la religion avec les progrès qu'on a fait ces 150 dernières années ?
Le philosophe a répondu que, certes , on a fait des progrès technologiques incroyables, mais qui ont aussi amené à la destruction. La science, selon lui, n'amène pas de réponse sur les origines de la vie, c'est un outil. La religion est là pour rappeler à l'homme des principes de base parfois oubliés, comme par exemple qu'on ne doit pas tuer son prochain. Ça a été surtout là qu'a été axé le débat du philosophe, et non sur « comment lutter contre le fanatisme ». C'était surtout sur l'intérêt de la religion dans le développement de la société humaine.

Avez-vous trouvé des solutions pour lutter contre le fanatisme ?
Josselin : La communication, c'est important pour éviter le fanatisme. La conférence a fait avancer le débat dans le lycée.
On n'en parle pas naturellement de ça. Certes, après le 11 janvier on en parlait beaucoup... ça a sûrement relancé certaines questions, ça a peut-être permis d'avoir des avis moins tranchés sur la question.

Maxime : la communication, la translucidité (Note de la rédaction : Maxime veut parler de tempérance) permettrait de lutter contre ça. S'il y a des solutions, personnellement, je ne sais pas. Mais il nous a dit que la communication c'est un des principes pour lutter contre le fanatisme.

Au delà du débat, la préparation de l'événement vous a apporté des connaissances ? Est-ce que cela peut vous aider pour l'épreuve du bac ?
Josselin : Cela nous aide à revoir les définitions : ce sont des mots qu'on connaît, mais qu'on connaît mal, de manière abstraite et pas complète. Ça nous a permis de mieux connaître les mots.

Dans votre lycée, est-ce que cela a fait avancer les débats ?
Maxime : Je pense... on n'a pas fait de débat depuis, mais je pense que si on devait en refaire sur ce thème, les avis seront moins partagés, on divergerait moins.
On partait plus hors sujet. Le fait que le philosophe nous ait bien retranscrit les termes avec leur étymologie, ça nous a permis de mieux comprendre les termes. Du coup si on en refaisait un, on serait moins partagés.

Puisqu'on parle de définition, peux-tu définir le fanatisme ?
Maxime : Le fanatisme c'est quand on admire quelque chose mais à l’extrême.

Citoyenneté Témoignage

Commentaires

Se connecter pour commenter.